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Le Jésus de l'histoire

14/2/14

L’existence de Jésus-Christ:
 
Jésus-Christ a-t-il vraiment existé ? Est-il vraiment, l’envoyé de Dieu ? Qui est-il, un homme extraordinaire, ou bien plus encore ? Ces questions ont, ou devrait avoir pour chacun de nous, une importance capitale. Car notre vie se joue sur ces questions fondamentales ! Vous n’en n’avez peut-être pas l’impression, mais chaque acte, chaque décision prise dans votre vie (bien courte), entraîne des conséquences énormes. Il est donc primordial de se poser avant toute chose, les questions existentielles, et, se forger une réponse et une optique de vie suite à cela !
            Vous me direz peut-être que, pour vous le problème est déjà résolu, ou que vous ne voulez pas vous embarrasser avec de telles questions. Vous avez le droit de vous mettre des œillères, mais ce serait tellement triste de passer à côté d’une merveilleuse surprise !
            Dans l’Evangile, Jésus affirme : « Je suis la voie, la vérité et la vie, et personne ne vient à mon Père si ce n’est par moi » (Jean, 14,16). Nous ne pouvons pas « faire l’impasse » sur cette question. Il nous faut étudier la personne de Jésus, telle que l’histoire nous la fait connaître, afin de savoir si nous devons croire à sa doctrine et marcher sur le chemin qui, selon Lui, conduit à la vie éternelle.
 
Chapitre I -  JESUS-CHRIST A EXISTE
 
            Ce point peut être établi avec certitude grâce au témoignage des auteurs païens et surtout des Evangiles, qui sont des documents historiques (nous vous le prouveront plus loin).
            Jésus-Christ n’a pas vécu à une époque mythique, mal connue. Il est né environ un demi-siècle après la mort de Jules César, à l’apogée de l’Empire romain (règne de César-Auguste) ; il a été contemporain de Sénèque.
            Un grand nombre de personnages mentionnés par les Evangiles nous sont connus par d’autres sources, par exemple ceux que cite saint Luc au commencement de son Evangile : les empereurs Auguste et Tibère, Hérode le Grand, Ponce-Pilate, les grands-prêtres Anne et Caïphe et saint Jean-Baptiste dont Flavius Josèphe, l’historien des Juifs, a rapporté l’apostolat et la mort.
            Le Christ fut d’abord appelé simplement Jésus, le nom donné à sa naissance ; comme beaucoup de noms à cette époque, il a un sens religieux : Dieu sauve. Par après on l’a appelé le Christ, pour signifier qu’on le reconnaissait comme le Messie, annoncé par les prophètes et attendu par le peuple juif. En effet, en grec, Christ signifie Messie.
 
1. Le témoignage des auteurs juifs et païens.
 
Le Christ est mentionné dans les Antiquités judaïques, ouvrage historique rédigé à Rome par l’historien juif (non chrétien) Flavius Josèphe entre 93 et 94: « En ce temps-là était Jésus qui était un homme sage (…) Des principaux de notre nation l’ayant accusé devant Pilate, il le fit crucifier » (Ant. Iud. 5,1-7). Il n’est pas douteux, aux yeux des spécialistes, que Josèphe parle ici de Jésus-Christ.
Dès le début du deuxième siècle, plusieurs auteurs romains parlent de Jésus-Christ.
 
         a) Suétone (69—125), membre de la cour impériale sous Adrien et chroniqueur officiel du palais, rapporte que l’empereur Claude (10 avt JC -  54 ap JC) « expulsa de Rome les Juifs devenus, sous l’impulsion de Chrestus, une cause permanente de désordre » (Vita Claudii, 25,4). Ce décret d’expulsion date de l’an 49. Parmi les personnes expulsées figuraient Priscille et Aquilas, Juifs de naissance et convertis au christianisme (Actes, chap 18, verset 2). On remarque aussi l’altération du nom du Christ, due sans doute à la prononciation de Chrétiens d’origine grecque. Les interprètes sont convaincus pour la plupart que ce texte se rapporte à Jésus-Christ, devenu motif de luttes internes dans le judaïsme romain. La mesure répressive de Claude est d’ailleurs attestée par les Actes des Apôtres: saint Paul rencontra en 52, à Corinthe, un ménage juif qui avait été chassé de Rome (Ac 18,2). Moins de vingt ans après la mort du Christ, il y avait donc à Rome des Chrétiens. Comment, si Jésus-Christ n’avait pas existé, sa légende se serait-elle accréditée dans un si bref délai, sans rencontrer de réfutation ?
 
            b) Cornelius Tacite, dans ses Annales écrites vers 116, rapporte à propos des Chrétiens lors de l’incendie de Rome et de la persécution de Néron en 64 : « Le nom de chrétiens leur vient du Christ, qui sous Tibère fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée où elle avait sa source, mais dans Rome même  » (Annales, XV,44). Ailleurs, Tacite parle d’une « ingens multitudo » (multitude immense) de Chrétiens se trouvant à Rome dès 64, seulement trente ans après la mort de Jésus-Christ. Cornelius Tacite était contemporain de Pline. Il fut le plus grand historien de la Rome impériale. Il raconte comment les chrétiens, haïs de la populace pour leurs « crimes » (allusion à l’accent mis par les chrétiens sur ‘l’amour’, mais ce mot avait revêtu un sens péjoratif chez les païens qui l’assimilaient à l’inceste) servirent de boucs émissaires après le sinistre incendie qui ravagea Rome en 64. Il est évident que Tacite, de souche patricienne, n’éprouvait aucune sympathie pour la foi chrétienne qu’adoptaient surtout les gens du peuple. Son témoignage n’en est que plus éloquent. Il pouvait être, lui aussi, bien informé des origines du christianisme, car en 112, il était gouverneur de la province d’Asie Mineure, où les chrétiens étaient nombreux. Il y fait allusion dans un livre aujourd’hui perdu de ses Histoires, dont un fragment nous a été conservé par un auteur postérieur. Dans ce fragment, Tacite affirme que le christianisme débuta comme une secte issue du judaïsme, mais qu’il s’en était maintenant totalement séparé. Et il ajoute ce détail important : le général romain Titus avait espéré, en détruisant le temple de Jérusalem en 70, mettre fin simultanément au christianisme et au judaïsme, puisque, coupé de ses racines, un arbre meurt vite ! Un écrivain de l’envergure de Tacite rend l’historicité de Jésus absolument certaine.
 
            c) Pline le Jeune, proconsul romain de Bithynie et du Pont (Asie Mineure, au nord de l’actuelle Turquie), envoie en 111 à l’empereur Trajan un rapport sur les Chrétiens « se réunissant avant l’aurore à des jours déterminés pour chanter des hymnes au Christ comme à un Dieu »; il ajoute qu’ils sont devenus nombreux au point d’inquiéter les prêtres païens (Epist. 10,96). Pline fait en effet part de l’expansion rapide du christianisme. La présence de si nombreux chrétiens soulevait un réel problème d’ordre social. Car des temples païens en nombre croissant étaient obligés de fermer par manque de fidèles ; les festivités religieuses avaient cessé et le commerce des animaux destinés aux sacrifices avait périclité. De toute évidence, la foi chrétienne avait conquis une large audience dans cette région reculée de l’Empire, et ce, dès la fin du premier siècle. Pline décida de prendre la chose en main. Il fit mettre à mort ceux des chrétiens qui persistaient dans leur foi, car disait-il, un peuple si obstiné ne mérite que la mort. Toutefois, dans la lettre adressée à l’empereur, Pline avoue ne pas connaître la nature de leur crime. Il avait appris de ceux qui avaient renié leur foi à cause de la persécution qu’il ne se commettait aucune atrocité dans leurs assemblées. Leur seul délit résidait dans leur refus catégorique d’adorer l’empereur et les représentations des divinités. Ils avaient l’habitude, comme cela a été cité, de se réunir un jour fixe (le dimanche), avant le lever du jour ; ils chantaient des hymnes à Christ comme à un dieu (quasi deo). Ils prêtaient serment de ne pas commettre de crime. Pline reconnaissait que la vie que menaient ces chrétiens était exemplaire, sans fraude ni adultère ni viol ni acte délictueux. Lors de leurs repas communautaires, ils partageaient des aliments ordinaires et communs (il s’agit là d’une allusion au fait que les chrétiens affirmaient se nourrir du corps du Christ lors de la Cène, ce qui pouvait passer pour du cannibalisme). Tout cela contribuait à rendre Pline le Jeune perplexe. C’est pourquoi il demandait conseil à l’empereur.
 
            d) Le procurateur Félix, qui a succédé à Pilate, résumait par ces mots, le conflit qui opposait saint Paul à ses frères juifs : « Ils avaient avec lui je ne sais quelles contestations touchant leur religion à eux et touchant un certain Jésus, qui est mort et que Paul affirme être vivant » (Actes 25,19).
 
            e) Thallus, historien d’origine samaritaine écrivit de Rome vers l’an 52. Son livre est perdu, mais un fragment est cité par Julius Africanus, au deuxième siècle. Cet écrivain discute de l’obscurité qui recouvrit la terre au moment où Jésus expira sur la croix (Marc, chapitre 15, verset 33). Il déclare : « Thallus, au troisième livre de son Histoire explique cette obscurité par une éclipse du soleil, ce qui me paraît inacceptable ! » Bravo pour la perspicacité d’Africanus ! Car on ne peut avoir une éclipse de soleil par un temps de pleine lune, ce qui était le cas à la période de Pâques où mourut Jésus. Mais l’intérêt de cette citation réside dans le fait qu’au milieu du premier siècle, les circonstances de la mort de Jésus étaient bien connues même à Rome, au point qu’un historien non-chrétien n’hésite pas à l’inclure dans son histoire de l’Est méditerranéen depuis la guerre de Troie jusqu’à sa propre époque !
 
            f) Le British Museum possède un manuscrit intéressant. Il s’agit d’une lettre écrite en syriaque par Mara Bar Serapion à son fils. Le père est alors en prison. Nous sommes dans les années 70. L’auteur médite sur le sort qui sera réservé à ceux qui persécutent un homme sage tel que lui : « Quel avantage les Athéniens ont-ils gagné à mettre Socrate à mort? La famine et la peste se sont abattues sur eux en punition de leur crime. Quel avantage les hommes de Samos ont-ils gagné à brûler Pythagore ? En un instant leur terre a été recouverte de sable. Quel avantage les Juifs ont-ils gagné à exécuter leur Roi sage ? Leur royaume fut anéanti peu après. Dieu, dans sa justice, a vengé la mort de ces trois hommes. Les Athéniens moururent de faim, les Samiens furent submergés par la mer, les Juifs, ruinés et chassés de leur terre, vivent dans la dispersion. Mais Socrate n’est pas mort pour de bon : il survit dans l’enseignement de Platon. Pythagore n’est pas mort pour de bon : il survit dans la statue d’Héra. Le Roi sage n’est pas mort pour de bon : il survit dans l’enseignement qu’il a laissé. » (British Museum, manuscrit syriaque n°14658).
 
            g) On a retrouvé une inscription étrange qui remonte au règne de l’empereur Tibère (14-38 ap. J.-C.). L’empereur y exprime son vif mécontentement d’avoir appris que des corps avaient été retirés de leur tombe. Il avertit solennellement que toute violation de sépulture sera désormais sanctionnée par la peine capitale. Cette inscription a été découverte à Nazareth, la ville où Jésus a grandi et vécu. C’est à n’en pas douter la réaction de l’empereur suite au rapport que Ponce Pilate dut envoyer à Rome après l’exécution d’un agitateur politique et prétendant à la royauté, car c’est bien ainsi que Jésus apparut aux yeux des Romains. Les empereurs ne pouvaient rester indifférents devant de tels hommes !
 
            h) Josèphe. C’est notre témoin le plus important. Chef militaire juif pendant la guerre contre Rome, il chercha, après l’an 70, à rétablir le crédit du judaïsme dans l’esprit des Romains. Dans ce but, il écrivit sa Guerre des Juifs (75-79) et ses Antiquités juives (93). Il cherchait à éclairer le public romain sur la religion de ses pères et cz, de la manière la plus affable. Ces ouvrages d’apologie de la religion juive minimisaient évidemment tout ce qui aurait pu irriter les lecteurs romains. Néanmoins, nous trouvons dans les pages de Josèphe bien des personnages familiers du Nouveau Testament : Pilate, Anne, Caïphe, les Hérode, Quirinius, Félix, Festus et bien d’autres encore. Il décrit Jean-Baptiste, rapporte sa prédication, son baptême et son exécution. Il est extrêmement intéressant de reproduire ce que Josèphe dit de Jésus : « En ce temps-là était Jésus, qui était un homme sage, si toutefois on doit le considérer simplement comme un homme, tant ses œuvres étaient admirables. Il enseignait ceux qui prenaient plaisir à être instruits de la vérité, et il fut suivi non seulement de plusieurs juifs, mais de plusieurs Gentils : c’était le Christ. Des principaux de notre nation l’ayant accusé devant Pilate, il le fit crucifier. Ceux qui l’avaient aimé durant sa vie ne l’abandonnèrent pas après sa mort. Il leur apparut vivant et ressuscité le troisième jour, comme les saints prophètes l’avaient prédit et qu’il ferait plusieurs autres miracles. C’est de lui que les chrétiens que nous voyons encore aujourd’hui ont tiré leur nom ». Quel étonnant témoignage sous la plume d’un non-chrétien, a-t-on dit. Mais aucune tentative faite pour suspecter l’authenticité de ce témoignage n’est réellement convaincante. Ce texte est reconnu comme étant de la plume de Josèphe et figure dans tous les manuscrits anciens de ses œuvres. Eusèbe, l’historien du 4ème siècle, l’avait dans son exemplaire des œuvres de Josèphe. Il l’a mentionné deux fois. Certes, Josèphe écrit peut-être sous forme de sarcasme : « si… on doit le considérer simplement comme un homme ». Allusion à la prétention de Jésus à la divinité ? Interpolation chrétienne ? L’affirmation « c’était le Christ » peut n’être qu’une reprise du motif d’accusation inscrit sur le haut de la croix. Quant au passage relatif à la résurrection, il peut certes porter la marque d’une influence chrétienne ultérieure. Mais même si ce texte a été « corrigé » par quelque chrétien (ce qui est loin d’être prouvé !), il constitue un témoignage unique, éloquent et indépendant en faveur de l’historicité de Jésus de Nazareth. Les histoires qui circulaient à propos de Jésus n’étaient pas des mythes. Elles étaient si riches de mentions circonstancielles, et si bien attestées, qu’elles furent sans réticence incorporées dans l’œuvre apologétique d’un auteur juif tel que Josèphe qui avait tant de raisons de passer sous silence ce sujet si peu adapté au but qu’il se proposait d’atteindre en écrivant ses livres.
 
            i) La Mishna (le code des lois juives) et les Talmuds (commentaires de ces lois), œuvres littéraires qui prirent forme après la chute de Jérusalem en 70. Jésus y est appelé parfois Jeshua ben Pantera, ce qui signifie que pour les Juifs Jésus était né d’une union illégitime de Marie et d’un soldat romain nommé Pantheras, à moins que « Pantera » soit une déformation du mot grec parthenos qui signifie « vierge ». Dans les deux cas, l’expression témoigne que la naissance de Jésus était connue comme inhabituelle. Les Juifs connaissaient la foi chrétienne en la naissance virginale de Jésus, et dès le début, ils lui réservent le titre de « fils de Marie » (Marc, chap 6, verset 3), ce qui pour un Juif frisait l’insulte. Mais cette façon de désigner Jésus confirme d’une certaine manière que la naissance de Jésus fut différente de celle des autres hommes. On trouve, dans les paroles du rabbin Eliézer des sentiments semblables : « Balaam fit des recherches et trouva qu’un homme, né d’une femme, devait ressusciter et chercherait à se faire passer pour Dieu, en égarant le monde entier… Prends garde de ne pas suivre un tel homme, car il est écrit : « Dieu n’est pas homme pour mentir »… Si donc il affirme être Dieu, c’est un menteur ; il séduira en disant qu’il part et qu’il reviendra à la fin. Il le prétend, mais il ne pourra jamais l’accomplir ». De Tels propos sont caractéristiques de la farouche opposition des rabbins au christianisme. Mais, indirectement, quel éloquent témoignage ils rendent au récit des  Evangiles ! Bien que Jésus ne soit pas explicitement nommé, c’est bien de lui qu’il s’agit dans l’expression « né d’une femme » et dans l’expression « il cherche à se faire passer pour Dieu ». De même pour ce qui est des prétentions de Jésus à la divinité, de ses paroles concernant son départ et son retour à la fin des temps. Ce texte reconnaît de plus que le dessein de Jésus ne se limite pas au seul peuple juif, mais embrasse le monde entier. Nous pourrions mentionner bien d’autres écrits. L’un propose un jeu de mots caustique sur le mot « évangile » ; un autre énumère les disciples de Jésus ; un troisième affirme que Jésus accomplissait des miracles grâce à la magie qu’il avait apprise en Egypte (allusions qui mêlent sans les distinguer la réalité des miracles accomplis et la fuite en Egypte, mentionnée par Matthieu seul). Il est en tout cas significatif que les sources juives ne mettent jamais en doute le pouvoir miraculeux de Jésus, même si elles l’attribuent parfois à une origine démoniaque, comme l’atteste la critique adressée à Jésus par les Pharisiens : « C’est par le prince des démons qu’il chasse les démons » (Marc, chap 3, verset 22). Un passage mentionne son exécution : « la veille de la Pâque, ils pendirent Jésus… parce qu’il avait pratiqué la sorcellerie et avait égaré Israël ». Il existe donc bien des allusions à Jésus chez les auteurs juifs, alors que tout aurait dû les pousser à passer sous silence les événements liés à cet homme. Leurs écrits accréditent l’historicité, la naissance inhabituelle, les miracles, l’enseignement, les disciples, les prétentions messianiques, la crucifixion, la résurrection et la promesse du retour de Jésus, l’initiateur de la foi chrétienne.
 
            j) Extrait d’un ouvrage satirique de Lucien (2ème siècle), intitulé La mort de Pérégrinos, et visant les chrétiens : « Ces malheureux se figurent qu’ils sont immortels et qu’ils vivront éternellement, en conséquence, ils méprisent les supplices et se livrent volontairement à la mort. Leur premier législateur les a encore persuadés qu’ils sont tous frères. Dès qu’ils ont une fois changé de culte, ils renoncent aux dieux des Grecs et adorent le sophiste crucifié dont ils suivent les lois. Ils méprisent également tous les biens et les mettent en commun, sur la foi complète qu’ils ont en ses paroles. En sorte que s’il vient à se présenter parmi eux un imposteur, un fourbe adroit, il n’a pas de mal à s’enrichir fort vite, en riant sous cape de leur simplicité. »
 
Plus tard, les polémistes anti-chrétiens comme Celse, à la fin du deuxième siècle, ne mettront jamais en doute l’existence de Jésus-Christ, mais ils s’efforceront de le peindre sous les traits d’un imposteur ou d’un magicien.
 
2. Le témoignage des auteurs chrétiens.
 
         Jésus-Christ nous est connu essentiellement par les quatre Evangiles (du grec « euanggelion », bonne nouvelle), par les Actes des Apôtres, par les Epîtres de saint Paul, de saint Jean, de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jude, et par l’Apocalypse de saint Jean. Ces 27 livres forment le Nouveau Testament. Nous nous bornerons ici à étudier les Évangiles: ceux-ci suffisent amplement à prouver que Jésus a existé; et ils nous font connaître les événements de sa vie ainsi que son enseignement:
-parce qu'ils sont d'authentiques récits historiques;
-parce qu'ils sont le témoignage sincère d'hommes bien informés;
-parce qu'ils concordent entre eux, malgré des divergences de détail.
 
a)      Ancienneté et fidélité des Évangiles :
 
Ecrits sur de fragiles feuilles de papyrus et, à partir du IVe siècle, sur de plus solides parchemins, les textes de l'Antiquité s'usaient assez rapidement; ils étaient, de plus, en petit nombre à cause de leur coût. Mais malgré cela, en dépit des persécutions (Dioclétien s'était efforcé de détruire tous les livres chrétiens) et des vicissitudes de deux millénaires d'histoire, environ 5000 manuscrits grecs du Nouveau Testament datés du IVe au VIIe siècles sont parvenus jusqu'à nous (citons en particulier le Codex sinaiticus et le Codex vaticanus, deux manuscrits presque complets du Nouveau Testament datés du IVe siècle). En outre, les archéologues ont exhumé des sables secs de l'Egypte de nombreux fragments sur papyrus, dont certains remontent au IIe siècle (papyrus 52 daté de l'an 130 et comportant quelques versets de saint Jean; papyrus Bodmer de la fin du IIe siècle contenant tout cet Evangile).
Si l'on cherche, par comparaison, comment nous connaissons les oeuvres des auteurs païens de l'Antiquité, dont personne ne met en doute l'authenticité, on s'aperçoit qu'ils ne nous sont connus en général que par des manuscrits copiés au Moyen-Age (Homère: XIe siècle; César: Xe siècle; Tacite: XVe siècle). Nous avons donc des preuves beaucoup plus solides de l'existence de Jésus-Christ que de celle de Cicéron ou de Jules-César, dont pourtant personne ne doute !
Cette abondance de manuscrits anciens, due à la nécessité pour les chrétiens de posséder dans chaque église un exemplaire des textes inspirés, est une preuve irréfragable de la fidélité des Evangiles tels que nous les connaissons au texte original, car les différents manuscrits concordent entre eux pour la substance: les critiques sont unanimes pour affirmer qu'aucun écrit de l'Antiquité ne jouit d'une telle valeur textuelle.
 
b) Qui sont les auteurs des Évangiles? Le témoignage des Évangélistes est-il digne de foi? Qui sont les auteurs des Évangiles?
 
Les auteurs catholiques du IIe siècle dont les écrits nous sont parvenus (Papias, saint Irénée) attribuent le premier Évangile à l'apôtre saint Matthieu, le second à saint Marc, le troisième à saint Luc et le quatrième à l'apôtre saint Jean. Ces attributions sont ratifiées par la Tradition de l'Église et ont pour elles de solides arguments, mais cette question importe peu à notre propos. Il nous suffit de savoir que les Evangiles ont été rédigés par des Chrétiens de Palestine, avant 70 pour les trois premiers et avant 100 pour celui de saint Jean, point admis par les critiques de nos jours sur la base de critères linguistiques et historiques.
Le témoignage des Évangélistes est-il digne de foi?
Les auteurs sacrés, témoins oculaires de la vie de Jésus-Christ, Apôtres ou proches collaborateurs des Apôtres, possédaient des informations de première main. « Puisque plusieurs ont entrepris de composer une récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui jurent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m 'être informé soigneusement de tout depuis les origines, d'en écrire pour toi l'exposé suivi, illustre Théophile, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus » (Commencement de l'Évangile selon saint Luc).
 
Les Évangélistes ont voulu rapporter fidèlement ces faits car:
 
- Ils étaient des hommes vertueux et ils insistent eux-mêmes sur la vérité de leur témoignage (cf. Jn 21, 24).
 
- Ils racontaient des faits que leur amour-propre aurait dû laisser ignorer: la bas­sesse de leur origine, leur ignorance, leur lenteur à comprendre l'enseignement du Christ, leurs défauts, leurs faiblesses et leurs fautes (par exemple le reniement de saint Pierre).
 
- Ils n'avaient pas avantage à tromper: pour prix de leur témoignage, les apôtres ne reçurent que contradiction et mépris (voir par exemple:II Co 4, 7-12).
 
Il faut remarquer en outre l'impression de "faits vécus" que donnent les récits extrêmement vivants des Evangiles. Ceux-ci fourmillent de détails géographiques et historiques dont la justesse frappe quiconque se rend en Terre Sainte. On est bien loin du vague des fables mythologiques ou même des récits "apocryphes" (c'est-à-dire, attribués arbitrairement à un personnage historique censé en être l'auteur) sur Jésus-Christ, composés plus tard par des chrétiens mal inspirés.
 
Si les Évangélistes avaient inventé des faits ou mythifié la vie de Jésus, leur faux témoignage aurait suscité des protestations auprès de disciples plus sincères ou d'en­nemis du christianisme. Tout au contraire, les quatre Évangiles ont été acceptés très rapidement et sans aucune discussion par toutes les Eglises locales (contrairement aux écrits apocryphes).
 
            c) Les Évangiles concordent entre eux :
 
Malgré des divergences tenant aux condi­tions de leur rédaction. Le fait que les Évangiles aient été inspirés par le Saint-Esprit n'empêche pas que chaque Evangéliste ait raconté les faits avec son style propre, selon l'époque et le milieu pour lesquels il écrivait: «Les auteurs sacrés composèrent donc les quatre Evangiles, choisissant certains des nombreux éléments transmis soit oralement, soit par écrit, rédigeant un résumé des autres (...) de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses vraies et sincères » (Concile Vatican II, Dei verbum, 19).
 
            d) Nous prouvons l’authenticité des Evangiles :
 
En montrant que, dès les premiers siècles, L’Eglise considérait les Evangiles comme les œuvres des écrivains auxquels nous les attribuons encore aujourd’hui.
- Saint Justin, mort en 165, affirme, dans un de ses écrits, que les Evangiles étaient lus dans les réunions des fidèles ; que cette lecture était d’un usage général, subsistant depuis longtemps. Il dit même que ces livres ont été composés par des apôtres et des hommes apostoliques (disciples des apôtres).
- Les écrivains des trois premiers siècles affirment l'authenticité des Saintes Ecritures.
Les écrits des disciples immédiats des apôtres (tels que saint Clément, saint Ignace d'Antioche, saint Polycarpe) contiennent des citations empruntées aux quatre Évangélistes. L'un d'eux, saint Papias, ami de saint Polycarpe et, comme lui, disciple des apôtres, atteste formellement l'authenticité des Evangiles.
Clément d'Alexandrie (217), Tertullien (240), Origène (254), saint Irénée, martyr et évêque de Lyon (202), etc., sont una­nimes à reconnaître les Évangiles comme l’œuvre des auteurs auxquels nous les attribuons. Saint Irénée qui, pendant de longues années, vécut dans l'intimité de saint Polycarpe, affirme que l'authenticité des quatre Évangiles est admise par l'Église universelle. Dans ses écrits contre les hérétiques de son temps, il cite, à chaque page, l'un ou l'autre texte emprunté à l'un des quatre Évangiles. Il raconte même à quelles occasions et en quels lieux ces livres ont été composés.
Origène (254), chef de l'école d'Alexandrie, déclare que les quatre Évangiles sont seuls admis sans contestation dans l'Église universelle. Nous pouvons donc dire avec saint Augustin:
Si les livres que l'Église désigne sous le nom d'apostoliques, transmis par les apôtres eux-mêmes et accrédités d'une façon si extraordinaire par les peuples, n'ont pas une origine incon­testablement authentique, il n’y a pas de livre au monde dont on puisse garantir l'authenticité (Contra Faust.. 33, 6).
- Nous pouvons encore prouver l'authenticité des Évangiles en montrant que les hérétiques des premiers siècles (Gnostiques, Cérinthe, Montan, etc.), la reconnaissaient aussi; ils s'appuyaient sur ces récits pour chercher à prouver leurs erreurs.
- Les païens eux-mêmes (Celse, Porphyre, Julien l'Apostat) qui, dès les premiers siècles, attaquèrent dans leurs écrits les dogmes chrétiens, reconnaissaient l'authenticité de nos Évan­giles. Ils essayèrent, sans doute, d'expliquer à leur façon les faits merveilleux rapportés dans nos livres saints, mais ils se sont gardés d'attaquer l'authenticité de ces écrits. Ils n'eussent pas manqué de le faire si la chose leur eut été possible : c'était le moyen le plus simple d'anéantir l'Église.
- On pourrait encore prouver l'authenticité des Évangiles en fai­sant une étude approfondie de ces livres historiques. Ils offrent des détails si précis et si exacts sur les usages, les ins­titutions et les mœurs de l'époque, qu'aux yeux de tout homme de bonne foi, ces détails n'ont pu être donnés que par des témoins oculaires.
Disons enfin que les rationalistes ont été forcés de recon­naître, à la suite des grands travaux entrepris au XIXe siècle sur les Évangiles, que ces livres ont été réellement composés au premier siècle de l'ère chrétienne.
 
e) Intégrité des Evangiles.
 
Nous possédons les Evangiles tels qu ils ont été écrits, sans altération substantielle portant sur le fond de l'histoire.
Preuves :
- Toute altération était impossible : Du temps des apôtres : ils ne l'eussent point permise. Immédiatement après la mort des apôtres, cette altération était impossible encore, à cause du respect de leurs disciples pour les livres saints et de leur vigilance à garder le texte intact. Ils eussent, d'ailleurs, constaté immédiatement toute altération car, au témoignage de Tertullien, les autographes des apostoliques existaient encore au IIIe siècle (Manuscrit de saint Jean, an 300 à Éphèse).
Après les temps apostoliques : Toute altération était impossible encore, à cause du grand nombre de copies que l'on avait faites de nos livres saints. Elles se multipliaient tellement qu'on les estime à 30 000 vers le commencement du 1er siècle, et à 60 000 à la fin du IIe siècle. Celui qui aurait voulu falsifier les Évangiles aurait dû, d'abord, rassembler les milliers de manuscrits disséminés dans le monde entier.
- Cette altération n'a pas eu lieu : Nous possédons encore des copies des Évangiles remontant à l'époque de Constantin (commencement du IVe siècle). Ces manuscrits concordent avec les éditions que nous avons entre les mains. Le texte latin des Évangiles dont nous nous servons est une traduction faite au IIe siècle (appelée Itala). Elle fut révisée au IVe siècle par saint Jérôme, à la demande du Pape Damase, et fut appelée Vulgate, parce qu'elle fut universellement en usage dans l'Église d'Occident. La Vulgate a été soumise à de minutieuses corrections de détail qui ont donné naissance à la nouvelle ver­sion officielle de la Bible latine, la Néovulgate (1979). Les traductions en langues arabe, syriaque, arménienne remontant aux premiers siècles sont conformes au texte dont nous nous servons aujourd'hui.
Les passages des Évangiles, cités par les écrivains ecclésias­tiques des premiers siècles, se trouvent dans nos éditions, tels que ces écrivains les ont rapportés. Celui qui oserait prétendre que les Évangiles ont été altérés devrait, pour être conséquent, affirmer aussi que tous les écrits des écrivains ecclésiastiques ont été falsifiés.
- Les Evangélistes sont dignes de foi : Ils connaissaient les faits qu'ils rapportent; ils les avaient vus, ou ils les avaient appris de la bouche de témoins oculaires (saint Matthieu et saint Jean étaient des apôtres ; saint Marc était disciple de saint Pierre et saint Luc de saint Paul).
Ils voulaient les rapporter fidèlement, car:
 
a. ils étaient des hommes vertueux;
b. ils racontent des choses que leur amour-propre devait laisser ignorer : la bassesse de leur condition, leur ignorance, leurs défauts, leurs faiblesses et leurs fautes;
c. leurs récits d'ailleurs dénotent une loyauté évidente : ils rapportent les faits les plus surprenants sans enthousiasme; ils ne cherchent pas à justifier leur maître des calomnies odieuses de ses ennemis. Ils avaient du Messie, comme la plu­part de leurs compatriotes, une idée toute terrestre et, néan­moins, ils font du Sauveur une peinture qui ne répond en rien à leurs espérances charnelles;
d. de plus, quel avantage les Evangélistes pouvaient-ils avoir à tromper leurs lecteurs? De la part des hommes, ils ne pou­vaient attendre que la confusion dont leur imposture les eût couverts; de la part de Dieu, les châtiments les plus sévères;
e. enfin, ce qui prouve que les apôtres étaient sincères, c'est qu'ils sont morts pour les doctrines contenues dans leurs écrits.
Ils étaient dans l'obligation de rapporter exactement les faits, car les événements qu'ils rappellent étaient publics, univer­sellement connus. S'ils avaient cherché à tromper, les ennemis du christianisme naissant n'auraient pas manqué de leur repro­cher leur imposture.
Ils n'auraient pu inventer les récits contenus dans leurs écrits. Les apôtres étaient, pour la plupart, des hommes ignorants : il leur était impossible d'inventer un personnage tel que Jésus; ils lui attribuent une doctrine dont la sagesse éclipse les enseignements des illustres philosophes de l’antiquité païenne.
Les ennemis du Christianisme naissant n’ont point révoqué en doute la vérité des faits rapportés dans la Bible. Les païens, et surtout les Juifs, que les évangélistes accusent de déicide, ne nient pas la réalité des faits merveilleux que ceux-ci rapportent ; ils se contentent de les attribuer à la magie.
Nous venons de prouver que les Evangiles sont des livres historiques dignes de foi.
 
3. L'archéologie éclaire-t-elle le Nouveau Testament?
 
L'archéologie est une science qui projette de nouvelles lumières sur le Nouveau Testament, principalement dans deux directions. Certaines découvertes plantent un décor plus précis qui nous aide à mieux comprendre le contexte dans lequel vivaient, croyaient, pensaient et agissaient les premiers chrétiens. Dans un autre domaine, des objets et des écrits exhumés témoignent de la véracité et de la fiabilité des récits néo-testamentaires.
 
a)      Découvertes qui éclairent le contexte de la foi des premiers chrétiens :
 
Un étrange acrostiche fut retrouvé en divers lieux, et notamment en deux endroits de la ville de Pompéi, ensevelie sous les laves lors de l'éruption du Vésuve en 79 après J.-C. A en juger par des inscriptions retrouvées dans cette ville, les chrétiens y étaient présents depuis longtemps déjà. A cette époque, les acrostiches étaient aussi courants que les mots croisés aujourd'hui. Celui-ci se présente sous la forme d'un carré
 
R O T A S
O P E R A
T E N E T
A R E  P O
S A T O R
 
A première vue, le sens n'apparaît guère «Arepo le semeur porte les roues avec soin». Quel est alors ce sens caché qui en faisait un symbole cher aux chrétiens ? Voici l’explication : D'abord toutes les lettres employées font exactement deux fois les mots PATER NOSTER (Notre Père, les premiers mots de la prière de Jésus), en ajoutant chaque fois un «A» au début et un «O» à la fin.
 
A
 
P
A
T
E
R
A PATERNOSTER O
O
S
T
E
R
 
O
 
Mis sous cette forme, l'acrostiche prend un sens nettement chrétien et dévoile bien d'autres richesses. Reconnaître en Dieu un Père, tel est l'immense privilège accordé aux chrétiens, grâce à Jésus-Christ. Dieu nous a adoptés comme ses fils et ses filles. La forme en croix de l'acrostiche souligne aussi l'importance capitale de la croix de Jésus. La répétition du A et du O (qui correspondent à l'Alpha et l'Oméga, les première et dernière lettres de l'alphabet grec) est une autre façon d'exprimer la foi chrétienne en Jésus, Alpha et Oméga de l'Univers, commencement et fin de toutes choses.
Une autre caractéristique de cet admirable acrostiche a dû en faire un symbole chrétien. Il s'agit de la place relative du A, du O et du T. Le T est toujours placé entre le A et le O dans l'ordre des lettres de cet acrostiche. Le T grec était l'emblème de la croix, dans l'Eglise primitive ; sa forme évoque celle d'une croix. La position des T indiquerait que la croix de Jésus est le point central de l'histoire, laquelle avait une réelle importance pour les premiers chrétiens. La croix nous rappelle, à nous aussi, que la mort de Jésus occupe une place particulière entre l'Alpha et l'Oméga cosmiques.
Le fanatique de mots croisés remarquera en outre que le mot latin TENET forme une croix dans ce carré. Ce mot signifie «il tient» ou «il soutient». Cette disposition est-elle fortuite ou traduit-elle une inébranlable conviction ? Au milieu des plus terribles persécutions, lorsque Néron avait transformé les chrétiens en torches vivantes pour éclairer ses jardins en 64 ou plus tard lorsqu ils furent livrés vivants en pâture aux lions dans les cirques, ou lorsqu’ils durent être engloutis dans les laves du Vésuve qui submergèrent Pompéi, Il soutenait les siens ! Telle était leur assurance, fondée non sur un mythe, mais sur une histoire solidement établie, celle de Jésus, l'Alpha et l'Oméga, mis à mort dans d'effroyables circonstances, mais ressuscité triomphalement. Leur confiance reposait sur la certitude que celui qui avait vaincu le tombeau pouvait les soutenir même dans l'antre de la mort.
Un autre symbole fréquent chez les chrétiens de cette époque fut le poisson. Il servait de signe de reconnaissance clandestin. Ce signe exprimait clairement et succinctement les grandes vérités auxquelles ils croyaient concernant Jésus. Poisson traduit le mot grec ICHTHUS. Ce mot est formé des lettres initiales des cinq mots suivants : Jesous Christos Theou Huios Soter, ce qui signifie Jésus-­Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Jésus, une personne de l'histoire récente ; Christ, le Messie si longtemps attendu par les Juifs, auquel tous les prophètes ont rendu témoignage et sur qui reposait toute l'espérance de la nation. Fils de Dieu, car il était plus qu'un homme mais il a amené Dieu dans notre humanité. Enfin, en tant que Sauveur, il est venu sauver l'homme du péché et de la mort. Quel crédo contenu dans ces cinq mots ! Une profession de foi qui souligne à quel point le christianisme repose sur le personnage : Christ.
Il convient d'ajouter a notre dossier la découverte faite en 1945 par le professeur israélien Sukenik d'un tombeau encore scellé, dans le bourg de Talpioth près de Jérusalem. Ce tombeau avait été épargné des voleurs et des profanateurs et contenait cinq ossuaires, coffrets dans lesquels étaient entreposés les ossements. La nature des motifs portés sur ces ossuaires confirmait la date de 50 après J.-C. environ, déduite d'une pièce de monnaie également trouvée dans ce tombeau. Les ossuaires sont actuellement exposés à Jérusalem. Sur l'un d'entre eux figurent les mots grecs : Iesou Iou (qui signifie «Jésus, aide ! ») et sur un autre on peut lire ces mots araméens : Yeshu Aloth («Jésus, rends-lui la vie ! »). Ces ossuaires portent le signe de la croix.
Cette découverte a suscité de nombreuses controverses ; il n'en demeure pas moins que l'interprétation de Sukenik, selon laquelle ces inscriptions sommairement gravées et ces signes rudimentaires au charbon de bois constitueraient les plus anciennes allusions faites à Jésus, reste plausible. Si nous retenons cette interprétation, alors les conclusions qu'ont peut en tirer sont remarquables : les inscriptions attestent que Jésus est aussi considéré comme le Fils de Dieu, ressuscité et capable de redonner la vie à un chrétien qui vient de mourir. Et ces inscriptions sont postérieures de vingt ans à peine à la résurrection ! On peut difficilement imaginer des découvertes archéologiques capables d'illustrer d'une manière aussi saisissante, prise sur le vif, la foi dynamique des premiers chrétiens en un Jésus que plusieurs avaient connu personnellement lorsqu'il foulait les chemins de la Palestine, quelques années plus tôt.
 
b) Découvertes archéologiques qui confirment le témoignage du Nouveau Testament :
 
L'archéologie a fourni de nombreuses preuves de la fiabilité du récit des Evangiles et du livre des Actes. Considérons d'abord quelques exemples tirés de l'Evangile de Jean que de nombreux critiques s'accordent à reconnaître comme étant le dernier et le moins historique des Evangiles. Au chapitre 5, Jean raconte l'histoire d'un paralytique guéri par Jésus à la piscine de Béthesda. L'évangéliste note dans son récit que cette piscine comportait cinq portiques. Aucun vestige n'en avait jamais été retrouvé et les écrits juifs n'en faisaient jamais mention. Jean aurait-il inventé cette guérison de toutes pièces pour suggérer qu'il ne fallait s'attendre à aucune guérison tant que l'homme demeurait sous les cinq portiques de la Loi?
Et voilà qu'il y a quelques années, des fouilles ont mis au jour des vestiges de la piscine de Béthesda, sur les ruines d'un vieux temple païen, antérieur à l'entrée des Juifs en Palestine, et dans lequel les fidèles venaient pour être guéris. Il n'est donc pas étonnant que des rumeurs de guérison opérées dans cette eau circulaient alors ! On y a exhumé les cinq portiques, admirablement conservés. De plus, un des manuscrits de la mer Morte contient une allusion à la piscine de Béthesda. Ainsi donc, on a trouvé confirmation du nom et de l'existence de la piscine. Ceux qui avaient soutenu que l'apôtre Jean avait romancé ont dû revoir leurs théories
Au chapitre 19, Jean déclare que Jésus fut traduit devant Pilate au lieu du Pavé, en hébreu Gabbatha (verset 13), que nul n'avait jamais mentionné. Jean avait-il brodé autour du récit de la condamnation de Jésus ? Or, vers 1930, un archéologue français, le Père Vincent, découvrit ce pavé, qui mesure un peu plus de 40 m2. Les casernes romaines étaient bâties dessus. Il se trouvait assez près du temple, et les Romains pouvaient observer tout mouvement suspect et prévenir toute émeute. Ce pavé est l'un des sites les plus émouvants que l'on puisse visiter aujourd'hui à Jérusalem, car c'est à cet emplacement que Jésus s'est tenu lors de sa comparution devant Pilate. Enseveli sous les ruines depuis l'an 70, il était demeuré introuvable - et même soupçonné de n'avoir jamais existé -jusqu'à sa découverte récente. Le récit de Jean n'était donc pas un embellissement d'une légende, mais l'indication d'un site précis dont il n'aurait eu connaissance après l'an 70.
Il existe de nombreux cas similaires où la véracité de Luc a pu être solidement établie. Les écrits de l'archéologue Sir William Ramsey (entre autres Paul the Traveller and Roman Citizen ; et The Bearing of Recent Discovery on the Trust worthiness of the New Testament) sont particulièrement intéressants à ce sujet. Il était parti sur le postulat suivant : tant qu'un mot employé par Luc n'est pas confirmé par un témoignage indépendant, il faut le rejeter. Mais plus il fit des recherches, plus il fut convaincu que Luc était, après Thucidide, le meilleur historien grec. Et aujourd’hui, les spécialistes de l’histoire ancienne reconnaissent l'autorité du récit de Luc pour ce qui concerne l’histoire du premier siècle. Il est d'une extrême précision dans son emploi des titres des autorités officielles ; jamais il ne se trompe. Il sait que Thessalonique est gouvernée par des «politargues » (Actes 17, verset 6), qu'à Malte le plus haut responsable a le titre de « premier personnage» (28, verset 7), qu'à Philippes deux des magistrats sont des strategoi (stratèges, 16, verset 20), et qu'à Ephèse il y avait un grammateus ou secrétaire (19, verset 35). Tous ces noms et titres ont été confirmés par des inscriptions de l'époque. Quant aux scènes qu'il dépeint d'Athènes, de Corinthe, d'Ephèse ou pendant la traversée vers Rome, elles sonnent toutes justes dans l'oreille de ceux qui furent les plus aptes à en juger. Mais c'est sans doute la mention de Gallion qui constitue la preuve la plus convaincante de l'exactitude de Luc. Ce personnage de Gallion nous est bien connu par les témoignages de Sénèque, dont il était le frère, et par ceux de Tacite et d'autres encore. Mais aucun d'eux ne mentionne son rôle de proconsul en Grèce, contrairement au témoignage de Luc (Actes 18, verset 12). On comprend donc que longtemps, des savants aient émis des réserves sur l'authenticité du récit de Luc. Jusqu'au jour où l'on a découvert une inscription qui non seulement attestait que Gallion avait bien été proconsul de l'Achaïe, mais de plus indiquait la date de ce proconsulat: 51 après J. -C. Ainsi, ce qui fut longtemps considéré comme la preuve de l'imagination fertile de Luc devint une des références les plus solides pour fixer la chronologie des événements du Nouveau Testament!
Corinthe s'est avérée comme une ville particulièrement riche de vestiges qui éclairent le témoignage du Nouveau Testament. On a, par exemple, exhumé une partie de la porte de la synagogue sur laquelle sont gravées ces lettres « ..... agogue des Hébreux». Nous pouvons nous représenter l'apôtre Paul, chassé de cette synagogue, pour avoir prêché aux païens, sortant par cette porte avant de frapper à la porte de la maison contiguë à la synagogue, celle d'un certain Titius Justus (Actes 18, verset 7). Un peu plus tard, Paul fut traduit devant Gallion: «Les Juifs se soulevèrent d'un commun accord contre Paul et le menèrent devant le tribunal» (Actes 18, verset 12). Cette pierre qui servait de tribunal a été mise à jour, suite à des fouilles entreprises sur ce site. De plus, en 1929, a été découverte, à Corinthe, une dalle de marbre datant du premier siècle et portant l'inscription (partiellement effacée) : « Eraste procurateur et édile, a posé ce dallage à ses propres frais». Il est hautement probable que ce personnage soit Eraste, l'ami de Paul, trésorier de la ville de Corinthe dont l'apôtre envoie les salutations (Romains 16, verset 23).
Certes, l'exactitude jusque dans le détail, que nous avons relevée dans les exemples précédents, ne prouve pas que les auteurs du Nouveau Testament soient nécessairement véridiques sur tous les points du témoignage qu'ils ont rendu à Jésus. Mais puisque, chaque fois où il y a eu possibilité de vérifier par un témoignage indépendant de la véracité de leurs récits, ceux-ci se sont révélés parfaitement exacts. ne peut-on pas au moins supposer qu’ils sont aussi fiables lorsqu’ils décrivent des faits qui n’ont pas encore pu être confrontés à des témoignages extérieurs.
 
c) Le témoignage rendu par le Nouveau Testament à Jésus est-il fiable ?
 
- La fiabilité des manuscrits : Les quatre Evangiles nous sont parvenus sur des papyrus écrits avant l'an 200, c'est-à-dire un siècle environ après la rédaction des originaux. On possède de nos jours un fragment de l'Evangile de Jean trouvé en Haute-Egypte, et datant de l'an 125 environ. Il y une génération, on a découvert des papyrus que l'on a intitulé « L'évangile inconnu». Ces fragments remontent avant l'an 150 et présentent de fortes analogies avec les Evangiles canoniques ce qui prouve l'audience qu'avaient déjà atteint les Evangiles à cette époque. Plus récemment on a découvert L 'évangile de vérité de l'hérétique Valentin, écrit vers 130, et qui cite les écrits du Nouveau Testament. Si, comme Valentin, vous désirez transmettre un message hérétique, il vous faut évidemment le diluer sous une abondance de textes tirés des écrits inspirés ! Les Pères de l’Eglise, Polycarpe et Clément de Rome, qui ont écrit trente ou quarante ans avant Valentin, font de nombreuses citations des livres du Nouveau Testament dans leurs oeuvres.
Ainsi donc, à la fin du premier siècle, alors que vivaient encore certains des témoins oculaires de Jésus, les livres du Nouveau Testament étaient non seulement écrits, mais déjà partiellement rassemblés en recueil, et chacun les considérait comme une source d'information indiscutable sur Jésus, à tel point que les chrétiens se mirent à les citer avec le même respect que celui qui animait les Juifs à l'égard de l'Ancien Testament. Les hérétiques eux-mêmes le savaient si bien qu'ils citaient le Nouveau Testament mot pour mot, quand ils exposaient leurs hérésies. Aussi le professeur Kenyon, spécialiste d'archéologie biblique, conclut-il «L'intervalle séparant les dates de composition des originaux de celles de nos plus anciens manuscrits connus est si réduit qu'on peut le négliger. Sans la moindre hésitation, concluons que les textes du Nouveau Testament nous sont parvenus dans l'état même ou ils furent écrits» (Bible et Archéologie, p.288).
- La crédibilité des plus anciens témoins néo-testamentaires : A supposer que nous possédions le texte du Nouveau Testament tel que l'écrivirent ses auteurs, pourrions-nous le croire sans réserve ? Paul n'aurait-il pas, par exemple, transformé l'homme Jésus des Evangiles en un Sauveur divin en s'inspirant des idées courantes dans le milieu religieux hellénistique? C'est une hypothèse qui revient périodiquement, et qu'il vaut la peine d'examiner, d'autant plus que les lettres de Paul furent écrites avant les Evangiles et constituent donc les plus anciens écrits du Nouveau Testament. Ils revêtent par là-même une très grande importance.
Paul était citoyen romain, rabbin juif de grande piété, très cultivé, et violent adversaire du christianisme qu'il considérait comme une subtile et dangereuse hérésie. Sa conversion à la foi qu'il s'efforçait naguère de détruire reste un des faits les plus fascinants, «quelque chose auquel l'infidélité n'a jamais pu opposer que des réponses spécieuses» selon une expression du Dr Johnson. Mais bien que Paul ait écrit avant les quatre évangélistes, et indépendamment d'eux, son enseignement sur Jésus reste en parfait accord avec le leur. C'est d'autant plus remarquable que dans ses lettres, Paul ne cherche pas à faire connaître Jésus à ses lecteurs, cette tâche lui ayant incombé lors de ses tournées missionnaires. Il ne fait que leur rappeler quelques aspects particuliers. C'est ainsi qu'il est amené à faire allusion à la préexistence divine de Jésus, sa parfaite humanité, son obéissance à la loi, sa vie d'amour et de service, son enseignement, l'institution de la Cène et sa mort en croix pour obtenir le pardon des péchés de l'humanité. Il fournit d'abondantes preuves de la résurrection.
Dans I Corinthiens 15, il évoque Jacques, converti au vu de la résurrection Pierre, que cette même résurrection convainquit, et qui devint le fondateur de la mission chrétienne; sa propre conversion sur le chemin de Damas et les cinq cents frères qui virent le Ressuscité en une seule fois. Certains de ces témoins étaient morts entre-temps, poursuit Paul, mais beaucoup vivaient encore au moment où il écrivait la lettre aux Corinthiens, vers l'an 53. Nul doute qu'il s'en serait trouvé quelques-uns prêts à confirmer les déclarations de Paul sur la résurrection. Dans ce même passage, l'apôtre fait mention de ce qui apparaît sans doute avoir été le plus ancien écrit du christianisme. Il s'agit d'une confession de foi très ancienne qu'il transmet aux Corinthiens dans la forme suivante:
«Je vous ai transmis, avant tout, ce que j'avais reçu: que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, qu'il a été enseveli, qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures, et qu'il a été vu par Céphas, puis par les Douze... (1 Corinthiens 15.3-5)
Ces quatre affirmations constituent l'essence de la foi chrétienne confessée par l'Église primitive. Paul rappelle à ses lecteurs qu'il leur avait déjà enseigné ces vérités lorsqu'il avait annoncé l'Évangile, c'est-à-dire vers l'an 49. Mais cette confession de foi est plus ancienne encore. Il l'a lui-même reçue lors de sa conversion qui se situe une quinzaine d'années plus tôt (voir Galates, chapitre 1, verset 18; chapitre 2, verset 1). Cela nous amène à envisager la conversion de Paul assez près de la résurrection, dans le milieu des années 30..
En employant les expressions j'ai transmis... j’ai reçu, Paul fait clairement allusion à l'existence d'une tradition orale qu'il a lui-même reçue et qu'il transmet à son tour. En d'autres mots la foi en la résurrection était déjà devenue une tradition dans les milieux chrétiens, avant sa conversion. Autrement dit, la tradition remonte aux jours qui ont immédiatement suivi la résurrection, aux premiers jours de la naissance de l'Église chrétienne.
Le laps de temps entre l'événement et les récits qui le rapportent est donc si court qu'on ne voit pas bien comment des aspects mythiques ou des embellissements auraient pu se glisser dans la tradition. Il n'y avait non plus aucune différence entre ce que Paul enseignait et ce que les anciens de la toute jeune église de Jérusalem proclamaient : c'est ce qu'il affirme, toujours dans cette même lettre aux Corinthiens.
«Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soit eux, voilà ce que nous prêchons et c'est ce que vous avez cru » (chapitre I 5 verset II).
C'est pourquoi, après avoir attentivement étudié la question le Professeur A.M. Hunter a pu écrire :
«L'accusation portée contre Paul d'être un grand innovateur ou un falsificateur de l'Évangile doit être abandonnée une fois pour toutes. Que Paul fût le premier, cela ne fait pas de doute, mais les choses qu'il a écrites avec une telle originalité et une telle énergie créatrice ne provenaient pas de son imagination, et n'étaient pas son invention... II les a prises chez ceux qui crurent en Christ avant lui. Cette conclusion n'est-elle pas de la plus haute importance ?» (Paul et ses prédécesseurs, p. 150).
Il  existe très peu d'événements du passé sur lesquels les témoignages soient aussi concordants et aussi convaincants.
- La crédibilité des Evangiles : Que penser des Évangiles eux-mêmes? Souvenons-nous d'abord qu'ils constituent un genre littéraire tout à fait inédit. En effet, ils ne sont pas des biographies de Jésus au sens habituel du terme. Quel biographe omettrait de décrire l'aspect physique de son personnage? Lequel passerait sous silence 30 des 33 années de vie de son héros? Pourquoi ne jamais évoquer les souvenirs personnels? Quelle biographie consacrerait près de la moitié de son récit à la mort de son personnage? Les Évangiles ne sont pas davantage des livres d'histoire, au sens moderne du mot. Car quel historien ferait intervenir Dieu et ses actes dans l'histoire, ce que font précisément les évangélistes. Et ceux-ci, apparemment, ne se soucient pas beaucoup de chronologie et ne s'intéressent pratiquement pas à ce qui se passe dans le monde alentour.
Par nature, les Évangiles se présentent comme la proclamation d'une « bonne nouvelle»: la bonne nouvelle de Jésus, en qui les évangélistes ont reconnu l'instrument de Dieu pour sauver l'humanité. Cela explique pourquoi les chrétiens ont attendu plus de trente ans avant de consigner par écrit les faits qu'ils rapportent. Ils étaient tellement accaparés par leur proclamation orale qu'ils ne pensaient pas à en faire un récit écrit. Avant l'invention de l'imprimerie, écrire exigeait beaucoup de temps et d'argent. De plus l'écrit était moins prisé que la parole. Pendant trente ans donc, l'Évangile fut proclamé de bouche à oreille, jusqu'au moment où les témoins oculaires commencèrent à disparaître. Alors se fit sentir le besoin impérieux de conserver par écrit le témoignage des témoins, pour l'instruction des générations à venir. Les dates de rédaction des Evangiles restent très controversées, mais on les situe entre 60 et 90 du moins dans leur version définitive.
Alors on peut se demander si ce témoignage écrit, qui arrive en 51,longtemps après le déroulement des événements décrits, est néanmoins fiable et crédible. Dans l'un des ouvrages les plus éminents, écrits récemment sur ce sujet, C.H. Dodd a montré que la forme de la prédication du nom de Jésus se retrouve pratiquement identique dans toutes les parties des divers textes qui devaient constituer le Nouveau Testament. Nul doute, par conséquent: cette homogénéité, non préméditée, atteste que cette prédication représente le message chrétien dans sa forme d'origine.
il y a aussi moyen de vérifier certaines affirmations des Évangiles. La présence de témoins encore vivants au moment où les Évangiles furent rédigés constitue une garantie d'authenticité des récits. De plus, les Évangiles ne font jamais allusion aux grands problèmes de l'Eglise primitive. Si l'Église avait, comme on le prétend parfois, «inventé » l'Évangile, nous devrions déceler dans son contenu quelques-unes des préoccupations qui furent les siennes, voire même trouver dans la bouche de Jésus des affirmations auxquelles l'Église tenait tant. Or ce n'est pas le cas. Les grandes préoccupations de l'Église - notamment la Seigneurie de Jésus, le Saint-Esprit, les tensions entre Juifs et païens, la validité de la circoncision, la viande provenant de sacrifices offerts aux idoles - brillent par leur absence.
Considérons les paraboles. Viennent-elles bien de Jésus? Bien sûr! Pourquoi aurait-on prétendu qu'il ait enseigné en paraboles, s'il ne l'avait pas fait? Quel autre génie aurait pu les inventer? Une chose est certaine: personne, dans le judaïsme pré-chrétien, n'avait parlé en paraboles, et après Christ, nul n'a été en mesure de le faire. L'Église primitive ne prêchait pas sous forme de paraboles, mais elle savait et affirmait que Jésus l'avait fait.
- Deux tests utiles : Soumettons les faits et l'enseignement de Jésus à deux tests bien connus et appliqués par les théologiens. Le premier concerne la multiplicité des témoignages. Si un fait est attesté dans plus d'une couche des matériaux qui ont constitué les Évangiles, il y a de fortes présomptions pour qu'il soit authentique. Appliquons ce critère à un événement aussi «incroyable» que la multiplication des pains pour les cinq mille personnes. Nous disposons de quatre récits différents de ce miracle accompli à partir de quasiment rien. Que nous faut-il de plus pour que nous croyions ce récit authentique?
L'autre test concerne la langue d'origine de l'Évangile. Les experts en langue araméenne affirment qu'une grande partie des enseignements de Jésus a été donné en araméen. C'était sa langue natale, celle dans laquelle il a dû prêcher. Retraduits dans cette langue, les textes prennent une forme remarquablement poétique et facile à retenir. C'est ce qui explique pourquoi les esprits orientaux purent conserver fidèlement le souvenir des paroles de Jésus et les reproduire plus tard, avec une entière fidélité dans les Evangiles que nous possédons aujourd’hui. H. Riesenfeld et B. Gerhardson, spécialistes scandinaves du Nouveau Testament, ont soutenu que Jésus faisait apprendre par cœur à ses disciples certains exposés, comme le faisaient les rabbins juifs. Et ces exposés étaient perçus comme des « paroles sacrées » qu'il fallait transmettre mot pour mot. C'est ce qui peut expliquer les profondes ressemblances qui affectent l'origine, la forme et la succession des paroles de Jésus dans les Évangiles. Ces savants ont attiré l'attention sur le caractère essentiellement juif d'origine des Évangiles, et les Juifs apprenaient beaucoup par cœur.
La critique est une science compliquée et spécialisée. Nous n'avons pas l'intention d'aller plus loin dans cette voie, dans les limites de cet ouvrage. Mais nous avons de bonnes raisons pour affirmer que les chrétiens n'ont pas adopté une attitude de fuite, d'irresponsables, en s'appuyant sur les documents du Nouveau Testament. Les livres inspirés ont tellement été examinés à la loupe et passés au crible de la critique scientifique, aussi bien par les défenseurs que par les adversaires du christianisme - bien plus sévèrement que tout autre livre de l'histoire passé. Au terme de ces examens les plus exigeants, les Evangiles conservent toute leur autorité et leur crédibilité. Ce ne sont certainement pas les chrétiens qui portent des oeillères dans leur approche de l'Evangile, mais ceux qui ne l'ont pas lu, car ce sont eux qui éludent la difficulté ! Serait-ce l'aveu caché qu'ils craignent d'être convaincus par cette lecture, et qu'il pourrait en résulter des conséquences qu'ils préfèrent éviter'?
- Dates de rédaction des Evangiles: Si les évangiles étaient datés comme étant postérieurs à 70, date de la destruction de Jérusalem, la prophétie de Jésus annonçant cette destruction se trouverait annulée. Les dernières recherches nous démontrent qu’ils sont antérieurs ! Détaillons ces recherches: Vers 1935, la découverte des manuscrits de la vallée du Nil prouve que l’Evangile de Jean est antérieur à l’an 100. Vers 1970, toutes les introductions au “Nouveau Testament” à travers le monde, et tous les cours des différentes facultés font l’objet d’un consensus: l’Evangile de Jean (fils de Zébédée) date de 95 et Mathieu de 90. On en est là quand explose la bombe de Qumran vers 1972. Qumran est situé à 12 km de Jéricho, à proximité de la mer Morte. En 1947, un bédouin découvre dans une grotte des jarres, scellées pour la plupart, qui contiennent des rouleaux de peau manuscrits. Depuis, dans dix autres grottes, on a trouvé des papyrus, des parchemins de cuir et des rouleaux en cuivre, soit au total 800 manuscrits environ, entre 1947 et 1958. Après des péripéties rocambolesques et des disputes violentes entre chercheurs, qui ont défrayé les journeaux, les manuscrits ont été répartis entre deux musées de Jérusalem, et enfin livrés à l’exploitation des savants. Les textes sont rédigés en hébreu et en araméen sauf quelques-uns en grec. Dans la grotte 7, on a identifié en 1972 des fragments de l’évangile de Marc, en grec. Les papyrologues affirment que tous les textes sont antérieurs à 68, ce qui remet fondamentalement en cause l’exégèse officielle. C’est en 1984 le papyrologue Thiède qui rouvre le dossier dans la revue Biblica. Il justifie la datation des fragments de Marc, antérieure à 50. La plupart des papyrologues se rangent à la thèse de Thiède. Ensuite, tout récemment, Thiède expertise trois fragments d’un codex de Mathieu, conservé à Oxford et le date entre 40 et 70. En 1976, en parallèle, explose une nouvelle bombe.Un illustre évêque anglican Robinson publia un livre de haute science “Redating the New Testament”, don’t les exégètes officiels ont empêché la traduction en français. Il remarqua qu’aucun des auteurs du Nouveau Testament n’avait connu l’événement le plus dramatique pour les juifs, la destruction de Jérusalem en 70. De plus les textes comportaient des prophéties annonçant cet événement, sans souligner qu’elles avaient été vérifiées par les événements. Il en déduisit que le Nouveau Testament était entièrement antérieur à 70. Dans un autre livre en 1985 “The priority of John”, il signale, qu’on lit, dans Jean, la mention d’une piscine qui fut détruite en 70 (et retrouvée par les archéologues), ainsi que l’existence de Béthanie au-delà du Jourdain. Il faut aussi remarquer que Jean aurait eu 95 ans, en l’an 95, et qu’il aurait donc attendu 65 ans, avant de coucher par écrit le récit des événements extraordinaires qu’il avait vécu, ce qui est absolument invraisemblable. Enfin on peut constater que les scènes de Jean ont été relatées sur le vif. Il s’agit donc d’un reportage. En conclusion, Robinson estime que les 4 évangiles ont été composés entre 40 et 60. Il date l’Apocalypse avant 70. Tresmontant est professeur de philosophie médiévale à la Sorbonne. Il a aussi effectué une traduction des évangiles. Il s’est aperçu que le grec du Nouveau Testament n’était pas du vrai grec, mais du yiddish, c’est-à-dire un assemblage de mots grecs suivant la syntaxe hébraïque. Ce fait prouve que ce ne sont pas des communautés hellénistiques, qui ont produit ces textes. Les traductions n’étaient pas destinées aux païens, mais aux frères des communautés judaïques dispersées. Les rédacteurs connaissaient Hérode le Grand, mort en –4, et Hérode Antipas qui fit décapiter Jean-Baptiste, mais pas les deux Hérode Agrippa qui sont venus à partir de 41. Par ailleurs les 3 évangiles dits synoptiques (Marc, Mathieu et Luc) sont presque identiques. Ceci prouve qu’ils répondent à une loi juridique hébraïque, qui dit qu’un fait ne peut être tenu pour vrai, que s’il est authentifié par trois témoins. Tresmontant énumère d’autres preuves que les évangiles ont été écrits avant 40 et sont bien des reportages pris sur le vif. Les travaux de Tresmontant ont été confirmés par le livre de Madame Genot-Bismuth également professeur à la Sorbonne, qui montre que les Evangiles sont bien issus du milieu judaïque des années 30, qui pensait, lisait et écrivait en hébreu.
 
 

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